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Le solaire thermique : une solution énergétique à (re)découvrir

Souvent relégué au second plan derrière le photovoltaïque, le solaire thermique mérite pourtant une place de choix dans la transition énergétique des bâtiments. Cette technologie capte la chaleur du soleil pour la transformer en énergie utile, principalement pour la production d’eau chaude sanitaire. Elle se distingue par sa simplicité, sa fiabilité, et son excellent rapport coût-bénéfice.

Le solaire thermique s’inscrit parfaitement dans les objectifs de la future loi vaudoise sur l’énergie (LVEne), attendue pour 2026, qui mettra l’accent sur la rénovation des bâtiments énergivores et sur une meilleure utilisation des toitures, tant pour la production électrique que thermique.

À Yverdon-les-Bains, où la transition énergétique constitue un axe fort de la politique communale, le potentiel solaire est important mais encore peu exploité. Pour y remédier, la Ville propose un soutien financier conséquent à celles et ceux qui souhaitent équiper leur bâtiment d’une installation solaire thermique.

Entretien avec spécialiste :

Laure Deschaintre (Swissolar, yverdon-les-bains)

A qui s’adresse en priorité le solaire thermique aujourd’hui ?

Le solaire thermique convient à tout type de bâtiment : maison individuelles, PPE, immeubles locatifs. Il permet de stabiliser les coûts liés à la consommation d’énergie et de diminuer les émissions de CO2.

Pour les industriels et les procédés, il y a une limite de complexité au-delà de 200°C. Les technologies existent pour produire de la chaleur à de plus hautes températures mais cela devient plus complexe et plus coûteux.

Le solaire thermique est-il complémentaire au photovoltaïque ?

Oui, dans bien des cas, il serait pertinent de réserver une petite part de la surface disponible pour le solaire thermique afin de couvrir les besoins d’eau chaude sanitaire en été.

Quelle surface faut-il prévoir ?

Cela dépend des besoins. Le calculateur solaire de SuisseEnergie(1) permet de calculer facilement les surfaces en fonction des besoins et de la toiture disponible et de se faire une idée des temps d’amortissement de l’installation.

A titre indicatif, pour une famille de quatre personnes, 4 à 6 m² de capteurs suffisent à couvrir la majorité des besoins en eau chaude.

Idée reçue : les installations ne produisent pas de chaleur en hiver quand on en a besoin. Qu’en est-il ?

Les installations produisent principalement en été et aux intersaisons, en effet. Aujourd’hui, on dimensionne souvent le solaire thermique pour couvrir les besoins en eau chaude sanitaire en été, et éventuellement une partie du chauffage en intersaison.

Mais, même en hiver, une part des besoins peut être couverte, surtout dans les bâtiments bien isolés. Et avec un volume de stockage plus important, il est tout à fait possible d’atteindre des taux de couverture pouvant aller jusqu’à 90% sur l’année.

L’entretien est-il contraignant, quelle est la durée de vie de l’installation?

Très peu. Mais, c’est important d’avoir un système de surveillance permettant de signaler un éventuel problème de fonctionnement pour ne pas que l’installation risque des dommages en cas de non fonctionnement prolongé sans que quelqu’un le remarque. La durée de vie totale dépasse 25 ans.

Quels sont les composants principaux et quel est l’impact environnemental des matériaux utilisés?
Les capteurs solaires thermiques et le stockage sont les principaux composants. La filière du solaire thermique est principalement basée en Europe pour la production des capteurs et des stockages. Le bilan carbone de cette technologie figure parmi les plus faibles(2).

Des projets innovants ?

Au niveau individuel, la régénération de sondes géothermiques avec le solaire thermique se développe afin de recharger les sols exploités par les pompes à chaleur géothermiques, de plus en plus nombreuses. Pour cette application basse température notamment, la technologie PVT (photovoltaïque / thermique) gagne des parts de marché en Suisse.

Au niveau industriel ou pour les bâtiments de bureaux on peut citer la nouvelle installation industrielle chez Emmi(3) ou la centrale thermique de LNCA à Genève permettant la production chaleur mais aussi de froid renouvelable en été

Par ailleurs, deux nouveaux programmes de subventions rendent les grandes installations plus attractives depuis cette année : l’un pour les processus industriels, l’autre dans le cadre du programme d’impulsion des cantons qui est adaptée aux grands immeubles ou aux bâtiments de services avec beaucoup de besoins en eau chaude sanitaire (par exemple hôtels, EMS).

Quels sont les objectifs de production solaire thermique (au niveau de la Suisse) ?

Une feuille de route élaborée par Swissolar présente les objectifs en lien avec la stratégie énergétique 2050. L’objectif est que le solaire thermique couvre 10% des besoins en chaleur du pays d’ici 2050, soit environ 7 TWh d’énergie thermique. Cette production se répartirait entre les réseaux thermiques (3 TWh), l’industrie (2 TWh), et les bâtiments résidentiels ou de services (2 TWh).

Conclusion:

La Commune d’Yverdon-les-Bains, en collaboration avec le Canton, soutient activement l’installation de systèmes solaires thermiques. En plus d’être écologique, cette solution « low tech » est aussi économique : entre les soutiens cantonaux et communaux, jusqu’à 40 % du coût d’une installation peut être subventionné.

Face aux défis climatiques et à la nécessité de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, le solaire thermique représente une solution concrète, locale et résiliente.

 

(1) Pour les particuliers, pour les industriels

(2) les chiffres de l’ADEME : Énergies renouvelables : le solaire thermique – Réussir la transition écologique de mon territoire

(3) Nouvelle installation chez Emmi